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maladie auto-immune

SEP

20 ans

17 octobre 2018
Il y a 20 ans, tu es entrée dans ma vie. Il y a 20 ans, j’allais avoir 17 ans et je ne t’ai pas vue venir. Tu t’es enlacée à moi et tu m’as sauvagement poignardée dans le dos. Tu as pénétré en moi, tu m’as injecté ton venin, tu as colonisé mon cerveau et tu l’as bousillé. Tu as envahi mon corps, tu m’as arraché les yeux, tu as altéré ma vue et pas que. Il y a 20 ans, tu m’as piétinée, tu m’as essorée puis scié les jambes. J’ai perdu tous mes repères. Tu m’as brutalisée. Tu as frappé si fort que tu m’as mise par terre. Tu m’as électrocutée. Je me suis effondrée, évanouie. J’ai sangloté. Tu m’as insufflé la douleur. Il y a 20 ans, tu m’as prise au piège. Tu m’as plongée dans le noir. J’ai imaginé mon avenir et ma liberté s’envoler et se réduire au néant. J’ai eu si peur. Tu m’as totalement déroutée. Il y a 20 ans, tu as effacé toute certitude. J’ai tant désiré que tu me fiches la paix.

Cela fait 20 ans que tu es infâme. Tu fourmilles en moi, tu squattes, tu me bouscules, tu m’étouffes, me culpabilises. Cela fait 20 ans que je suis sur le qui-vive. Tu me troubles, tu m’inquiètes, me harcèles et m’angoisses. Cela fait 20 ans que je doute. 20 ans que tu me donnes des vertiges, évolues en moi, me grignotes et me ronges. Je lutte contre toi, et contre moi à mon insu. Je me consume. Tu m’épuises. Je t’humanise. 20 ans que je suis différente. 20 ans que tu voiles mon identité. Mon corps m’échappe, je ne suis plus aux commandes. Cela fait 20ans que je me soigne. Mais 20 ans que tu me prends un peu de mes yeux, de mon équilibre, de mes sens, de mes jambes, de ma vessie, de mes défenses, de ma mémoire, de mon énergie et de mes forces. Cela fait 20 ans que je ne sais pas où tu m’emmènes. 20 ans que tu es plus importante qu’il n’y paraît.
Aujourd’hui, je suis toujours un peu hésitante, flottante, ou craintive. Je suis un peu moins spontanée, un peu plus sensible, plus fragile mais encore debout. Un peu bancale parfois mais tout va bien, je veux garder le sourire et je relativise. Aujourd’hui, je me suis réveillée et je t’ai digérée. Tu vas, tu viens. Malgré ta férocité, tu m’as beaucoup appris. J’ai même un peu grandi. Tu m’impressionnes moins. Je vis au jour le jour pour avoir moins peur. Je réapprends à avoir confiance. Et je ne veux plus que tu sois le centre de mon monde.