SEP

l’envie de maternité, le rêve de devenir maman

11 janvier 2018
Cette envie est venue très tôt chez moi. Quand l’annonce du diagnostic m’est tombé dessus, une question m’est venue rapidement “vais-je pouvoir avoir un enfant un jour?”. Le 16 mars 1999, j’écrivais déjà (après une consultation chez le neurologue et après l’horreur du semblant de diagnostic) “je rêve d’une vie simple, parsemée de petits plaisirs, de bonheur, d’enfants qui courent avec moi, d’éclats de rire etc.” Mais j’étais jeune à l’époque, mon neurologue me l’a assez répété “tu es jeune, tu as le temps!”.

 Et puis un jour, à 25 ans j’en ai eu très envie, comme un besoin urgent et vital de donner la vie. Le 13 décembre 2006, j’ai rendez-vous avec mon neurologue et je décide (mon conjoint et moi) d’arrêter le traitement pour projet de grossesse. Car oui, une femme atteinte de la SEP peut avoir un enfant comme tout autre femme. Je dois juste attendre trois mois avant toute tentative afin que le produit (mon traitement) s’évacue de mon corps. Joie intense!!! et l’envie de croire que c’est possible, même pour nous. Avoir tellement envie de porter mon enfant, de lui donner la vie, de l’aimer et de le voir grandir. Avoir envie de faire une pause, de croire au répit.
Puis a commencé une longue période d’attente, de doute, de découragement, d’échecs… Devenir si fragile, essayer de ne pas se perdre, de rester souder dans l’épreuve. Toujours se battre, chaque jour, chaque minute, chaque seconde. Vivre les échecs, tomber, se relever et continuer.
je fais une poussée en février, en mai et une en juin 2007 dont je me rappellerai toujours. Le 20 juin, je commence à ne plus sentir ma jambe gauche le matin et le soir, je ne sens plus ma main. Le 22, je n’arrive plus à écrire. Je ne sens plus ma main droite. La douleur et cette perte de sensibilité monte dans mon bras. Je m’entraîne à me servir de la main gauche pour écrire, manger et faire toutes ces choses que l’on fait machinalement et quotidiennement sans s’en rendre compte. C’est difficile. Le 24, je n’arrive plus à me servir de mon bras. Le 27, j’ai rendez-vous avec mon neurologue. Je vais devoir reprendre le traitement, la maladie est trop active. Projet bébé reporté. “tu es jeune, tu as le temps!”. Abandonner, s’effondrer. Se sentir dépendante, perdre son autonomie, sa liberté. Avoir ce corps qui ne vous appartient plus vraiment, se faire dévorer chaque jour un peu plus. Avoir l’impression de ne pas pouvoir décider. Se demander pourquoi c’est parfois si compliqué et si ce le sera toujours. Se demander si je peux m’accorder le droit de rêver, de désirer, de souffler.

 

 

 

 

Le 13 août 2007, je débute un nouveau traitement, le tysabri. Après 12 perfusions, après une année sans poussées, j’arrête de nouveau mon traitement en juillet 2008 pour tenter une grossesse. Espérer, rêver, comme toutes les autres femmes de porter mon enfant, envisager, se projeter. Être déçue, pleurer, déprimer, essayer de continuer, de se rassurer, de penser à autre chose. Y penser à chaque instant, se relever.

 

 

 

 

En novembre 2008, je fais une poussée. En février 2009, je refais une poussée. En mars, je reprends mon traitement. “tu es jeune, tu as le temps!”. Ne plus y croire, déprimer. En juillet 2009, je change de neurologue. En janvier 2010, mon neurologue et moi décidons que nous (mon mari et moi) allons essayer de concevoir cet enfant sans arrêter le traitement. La veille de faire ma perfusion, je ferai une prise de sang qui m’indiquera si je suis enceinte.
Un peu d’espoir et de sérénité dont j’ai bien besoin.
Je me fais aider. Après de multiples rendez-vous chez la gynéco et de nombreuses piqûres, le 16 août 2010, je lis les résultats de ma prise de sang, je n’ose y croire, je suis enceinte!!! Nous sommes si heureux. Je vis ma grossesse comme une parenthèse magique, comme un trésor dans le ventre. J’ai aujourd’hui deux filles. Et quand on me demande ce que je fais, j’ai envie de dire, de crier que je profite de mes deux amours, que j’ai bien mérité un peu de répit et une grande dose d’amour.

 

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2 Comments

  • Reply Milie 18 janvier 2018 at 23 h 10 min

    Oh que oui, tu as bien le droit ! 😊 😘 😘 😘 😘

  • Reply Laëtitia 20 janvier 2018 at 9 h 09 min

    Que de souffrances et d’espoirs déçus… Quel chemin semé d’embûches…. Mais le résultat en a valu la chandelle! Que tes filles sont jolies et vives! Et surtout elles respirent la joie de vivre!

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